GÉO THÈME 1 : L'ACCÈS AUX RESSOURCES
Changer notre rapport à l'eau
ENTRETIEN. « Nous allons devoir changer notre rapport à l’eau »
Comment expliquer cette crise de l’eau ?
D’un côté, le cycle de l’eau est bouleversé par le dérèglement climatique, et d’un autre côté, on a un certain nombre d’activités humaines (industrielles, énergétiques, agricoles…) et une demande croissante qui exercent une pression sur la ressource en eau.
On manquera d’eau seulement si on l’utilise mal et si on ne la partage pas
À quoi doit-on nous attendre pour l’été à venir ?
Le printemps arrive et certaines régions manquent de stock d’eau. On risque de se retrouver dans des situations de crises et de pénuries cet été. Si jamais il se met à pleuvoir, il va falloir beaucoup, beaucoup d’eau pour venir compenser ce qu’on n’a pas eu ces derniers mois, voire ces dernières années si on remonte un peu plus dans le temps.
Effectivement, il y a déjà des conflits sur des usages et des choix qui sont faits pour privilégier certains usagers.
France : ressources en eau
Après un hiver particulièrement sec en France, quel est l’état de nos ressources en eau ?
Des nappes phréatiques à des niveaux « préoccupants », des cours d’eau déjà à sec… L’hiver 2023 s’est terminé en laissant planer la crainte d’une pénurie d’eau pour cet été.
Nappes phréatiques : une situation préoccupante
À la fin de cet hiver, l’ensemble des nappes phréatiques se trouve sous les normales de saison. Dans son plus récent bulletin, publié le 13 mars, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) décrit une situation inquiétante.
Les conflits liés à l'eau dans le monde
INFOGRAPHIE. Les conflits liés à l’eau se multiplient partout dans le monde, voici pourquoi ?
Le dérèglement climatique menace les nappes phréatiques. Une chose est sûre, les conflits augmentent et continueront d’augmenter. D’abord, rappellent les Nations unies, parce que « la population humaine a connu une croissance rapide au cours du XXe siècle », population qu’il faut nourrir avec des cultures irriguées, et qu’en plus l’humanité prélève davantage d’eau douce pour des activités qui n’existaient pas avant l’ère industrielle, comme cette eau qui alimente les canons à neige des stations de ski…
40 % de la population touchée par la pénurie d’eau
La pénurie d’eau touche environ 40 % de la population mondiale et, selon les prévisions des Nations Unies et de la Banque mondiale, la sécheresse pourrait exposer jusqu’à 700 millions de personnes à un risque de déplacement d’ici 2030. Dix-sept pays, essentiellement au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, sont déjà en situation de stress hydrique qualifié d’« extrêmement élevé » par l’Onu : ils puisent 80 % de leur approvisionnement disponible chaque année et le stock ne se renouvelle pas.
Conflits autour des barrages
Du côté des conflits, c’est le partage de l’eau pour l’agriculture – qui représente près de 70 % des prélèvements dans le monde – qui génère le plus d’affrontements entre voisins. Le choix des États de passer à l’hydroélectricité aussi. Ces deux secteurs ont besoin de retenues d’eau sur des rivières et des fleuves qui ont toujours des conséquences sous-estimées en aval.
Il existe aujourd’hui 800 000 barrages dans le monde dont 52 000 sont considérés comme des « grands » barrages, avec un réservoir supérieur à trois millions de mètres cubes. « La plupart ont généré des affrontements, avant, pendant ou après leur construction », note l’Institut du Pacifique. Dans le meilleur des cas, il se règle par la diplomatie.